Travailler contre une rémunération en « visibilité »: Une carotte souvent tendue aux femmes. La belle affaire sauf pour elles.
Depuis la tendre enfance, la société façonne les femmes à être au service des autres. Dès les premières années, on leur apprend à prendre soin de la famille, à s’occuper des parents vieillissants, puis du conjoint. Ce qui instaure une dynamique où leur contribution est souvent considérée comme acquise, voire attendue.
Des inégalités systémiques
Selon l’Observatoire des inégalités, en France, les tâches ménagères sont encore accomplies à 80% par les femmes. La question du travail non rémunéré ne se limite pas à la gestion du foyer. Le constat s’étend bien au-delà du domaine privé pour infiltrer la vie professionnelle, où les femmes, sont souvent moins rémunérées que leurs homologues masculins. En moyenne, l’écart salarial atteint 25% en France et 19% en Suisse, où le travail gratuit des femmes équivaut à un mois et demi de labeur supplémentaire par an.
Et quand il faut s’engager au-delà des attributions officielles, on retrouve toujours plus de femmes pour gérer les activités « bénévoles » au sein des entreprises. Par exemple, faire la promotion de la diversité et l’inclusion à moindre coût.
Le hic, c’est que ce sont ces mêmes femmes qui font appel à d’autres femmes pour venir donner des conférences, intervenir à des tables rondes, gratuitement. Oubliant que ces dernières détiennent une expertise qui a de la valeur et qui mérite rémunération. De plus, en tant qu’indépendantes, elles n’ont pas la garantie d’un salaire régulier, alors ne pas les payer revient à renforce leur précarité.
Quand la solidarité a bon dos.
Disons le encore, quand elles ont un emploi salarié, en moyenne les femmes gagnent moins que leurs homologues masculins. Ce sont elles qui vont s’impliquer le plus dans les associations qui oeuvrent dans le domaine social. Elles investissant leur temps, énergie et argent personnel pour des causes qui les dépassent et qui concernent aussi les hommes. Un sous groupe est particulièrement impacté par le phénomène du travail professionnel gratuit: les femmes entrepreneures, freelances, consultantes indépendantes, à qui il est trop souvent demandé de fournir des services gratuitement en échange d’une promesse de visibilité.
Non au paiement en monnaie de singe. Non au travail non rémunéré des femmes.
Depuis quand la visibilité constitue-t-elle une monnaie tangible ? Qui a déjà payé ses courses ou remboursé son prêt bancaire avec de la visibilité? Est-ce que la visibilité peut servir de monnaie d’échange avec son bailleur pour payer le loyer, les factures d’électricité, d’essence ? La réponse est évidemment non. La visibilité ne remplit pas le réfrigérateur, et elle paie encore moins les frais de santé.
Refuser de travailler gratuitement n’est pas un acte égoïste mais un pas vers l’égalité entre les femmes et les hommes. Il est crucial de valoriser et de rémunérer équitablement leur travail pour mettre fin aux inégalités systémiques qui les désavantagent.
Il est essentiel de reconnaître la valeur du travail fourni par les femmes.
Proposer aux femmes de travailler gratuitement sous prétexte de leur offrir de la visibilité perpétue non seulement les inégalités entre les sexes mais sape également la reconnaissance de leur expertise et de leur contribution à la société. Mon engagement à travers l’association Rezalliance, l’organisation des évènements en écho à la Journée internationale du 24 mai ainsi que toutes mes autres activités professionnelles, ont une valeur intrinsèque. Cette valeur ne dépend pas du budget d’un individu ou d’une entreprise.
8 Mars 2024: Journée internationale des droits des femmes.
« Count Her In – Invest in Women. Accelerate Progress ». C’est le thème fixé cette année par l’ONU pour célébrer le 8 Mars. En français, ça donne: « Comptez avec elle – Investissez dans les femmes. Accélérez le progrès »
PS: Attention à bien lire, c’est comptez « avec » elle et non pas « sur » elle.
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